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Origine des viandes Le cochon aussi veut son étiquette

Des éleveurs et producteurs de porcs se sont engagés volontairement il y a une dizaine d'années à étiqueter les viandes, mais ils réclament aujourd'hui une contrainte pour en préciser l'origine : la bonne volonté n'a pas suffit, semble-t-il, à embarquer industriels et commerçants.

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La charte Vpf, pour "Viande Porcine française", n'est pas un label mais une promesse faite d'abord par les éleveurs, lorsqu'il a fallu rassurer le consommateur après l'affaire de la Vache folle en 2000. Rejoints, depuis deux ans, par l'ensemble des acteurs qui le souhaitaient parmi les abatteurs, transformateurs et distributeurs. Mais pour le moment, juge Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine (Fnp) « le retour est insuffisant ». « On est sur une petit 41 % des références en linéaires (étiquetées Vpf, ndlr), soit 58 à 60 % des produits vendus : on doit pouvoir faire mieux », confie-t-il à l'Afp sur le Salon de l'Agriculture à Paris.

« Nous, les producteurs, on est favorable à cette exigence de précision d'origine pour tout, sans attendre l'Europe : la viande fraîche, les charcuteries et les plats préparés ». Mais il se méfie : après les lasagnes à la viande de cheval, pense-t-il, « la grande distribution est prête à faire du foin sur les plats cuisinés », mais peut être pas sur la charcuterie. Or, elle  « représente 70 % de la consommation de porc (contre 25 % la viande fraîche) : alors commençons par là », suggère-t-il.

Une différence de taille des élevages entre la France et ses voisins

Selon Inaporc, l'interprofession nationale porcine qui associe tous les acteurs et « 95 % des élevages », les quelques 10.000 producteurs de porcs français n'attendent qu'une chose : qu'on reconnaisse la qualité du cochon français. « Nous on communique, c'est l'industrie qui bloque », affirme son président, Jacques Lemaître. « Le monde de la transformation souhaite banaliser les origines du produit ». « Mais que craignent-ils ?! » s'énerve le président. « Qui peut avoir peur de la transparence ? On est là au contraire pour rassurer le consommateur ». La concurrence est bien réelle, dit-il : « les Espagnols arrosent les salaisons du sud-ouest et l'Allemagne le reste du territoire, avec des coûts de production nettement plus bas qu'en France ». Ensuite les industriels inscrivent « Produit en France », d'où que vienne la viande. « Mais si c'est allemand, ou espagnol, qu'ils le disent ! » « Moi je veux qu'on valorise ce que je produis ; la viande c'est une matière première. Parler de "minerai de bœuf" : c'est désobligeant. Déshonorant même », estime-t-il.

D'autant que contrairement à une idée reçue, relève à son tour Hubert Simon, éleveur à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), la France ne compte pas d'élevages industriels comme chez ses voisins : lui fait 900 truies, mais « la moyenne nationale tourne autour de 200/300. Contre des 30.000 truies en Espagne ».

« Ici c'est l'élevage familial »

Avec 150 producteurs du Grand ouest, de la Normandie au Poitou-Charentes, ils se sont groupés au sein d'Opale, un organisme de gestion qui suit et devance même les critères du Label Rouge (LR) puisque les associés Opale refusent notamment les Ogm et l'huile de palme dans l'alimentation animale - ce que n'impose pas le LR.

Opale, qui fournit quelque 7.000 porcs par semaine, travaille directement pour les principales enseignes ainsi que pour le grossiste Metro. Comme Jean-Michel Serres de la Fnp, Hubert Simon juge les marques de distributeurs (Mdd) plutôt correctes sur l'étiquetage. « Au contraire des grandes marques charcutières », relève le patron de la Fnp. « Quant aux premiers prix, c'est la cata ». Ce flou sur l'origine cache l'essentiel : la disparité des prix. « Sur une carcasse, on compte 10 centimes/kg en moins que l'Allemagne. Sur certaines pièces on va jusqu'à 20, 30 centimes d'écart au kg », explique Jacques Lemaître.

Pendant ce temps chez les éleveurs français, la vie est rude et l'avenir incertain. « 30 % des éleveurs sont dans le rouge, 60 % en grande difficulté », indique-t-il. Le ministère de l'Agriculture, qui promet un plan "cochon" depuis la rentrée, devrait le dévoiler fin mars.

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